La première conséquence de cet empêchement à la mobilité est une entrave au lien social : 58% des jeunes de 18 à 24 ans affirment en effet qu’ils ont déjà renoncé à rendre visite à leur famille car il n’avait pas accès à un moyen de transport pour s’y rendre. Un chiffre quasiment aussi important lorsqu’il s’agit de passer de temps avec ses amis (59%).
Les freins à la mobilité sont également générateurs de bouleversements du mode de vie. Afin de pallier les difficultés de déplacement, 39% des jeunes actifs et 38% des 25-34 ans ont déjà envisagé de changer de mode de vie (télétravail, temps partiel, arrêter de travailler) et de changer de travail. Toujours selon cette étude, 37% des 18-24 ans et 30% des 25-34 ans ont même déjà envisagé de déménager pour se rapprocher de leurs centres d’activité.
Dans une étude précédente, réalisée en décembre 2016 par Elabe en décembre 2016 et baptisée « Enquête Mobilité et accès à l’emploi » , le LMI avait mis a jour ce lien direct entre mobilité et insertion montrant combien les difficultés de mobilité étaient un frein à l’insertion sur le marché de l’emploi. Il ressortait de cette étude que « les populations les plus jeunes et socialement les plus fragiles (faible niveau de diplôme et faibles revenus) sont les plus touchées par ces problèmes de mobilité et d’accès à l’emploi : respectivement 43% et 46% des 18-24 ans déclarent avoir renoncé à un entretien (embauche ou recherche d’emploi) et avoir refusé un travail ou une formation, faute de pouvoir s’y rendre ». Cette étude confirmait également la fragilité des plus jeunes : « les 25-34 ans sont davantage concernés que la moyenne (respectivement 24% et 32%). Le phénomène touche avant tout les populations les moins diplômées (24% et 27% pour les individus ayant un niveau bac). Ils sont également plus nombreux parmi les non-titulaires du permis B (37% et 44%) ».
Face à ce constat, le LMI estime que le véritable enjeu réside dans l’apprentissage de la mobilité car maitriser sa mobilité, c’est devenir autonome. Lire une carte, se repérer dans la ville, comprendre un réseau de transport, ou utiliser une application smartphone n’a rien d’inné mais nécessite d’un ensemble de compétences et de savoir-faire. L’apprentissage de la mobilité est donc un levier indispensable d’émancipation individuelle et d’inclusion sociale et professionnelle.
C’est précisément la vision que porte le Laboratoire de la Mobilité́ inclusive auprès des pouvoirs publics depuis maintenant plusieurs années :
Déjà dans son plaidoyer pour une mobilité inclusive, le LMI proposait de « développer un véritable apprentissage de la mobilité ». Qu’il s’agisse de formation dés le plus jeune âge dans le cadre du système scolaire ou de formation des jeunes à la sécurité routière et au permis de conduire.
Plus récemment, à l’occasion des Assises Nationales de la mobilité qui se sont tenues en décembre 2017 et qui ont alimenté le projet de loi d’orientation des mobilités, le laboratoire a porté et défendu des mesures simples, innovantes pour « développer un véritable apprentissage de la mobilité en France pour tous, à tous âges et tout au long de la vie ».
Parce que l’apprentissage est une question première, le LMI a créé avec l’Ecole d’Urbanisme de Paris le Diplôme Inter-universitaire de « Conseiller Mobilité Insertion » avec pour ambition d’organiser et de développer une filière professionnelle de conseillers en mobilité, véritables ambassadeurs de la mobilité. Il s’agit pour le LMI de « favoriser la montée en compétences et surtout en reconnaissance, des professionnels qui interviennent chaque jour pour la mobilité des publics les plus fragiles ». La 3e promotion est en cours de recrutement.