Être tous mobiles, un enjeu pour les plus fragiles
Lire une carte, se repérer dans la ville, comprendre un réseau de transport, utiliser une application smartphone… nécessite des compétences et n’a rien d’inné. Les exemples de jeunes n’étant jamais sortis de leur quartier ou habitant sur le littoral mais n’ayant jamais vu la mer sont nombreux. Chez les seniors, prendre le bus suppose de savoir l’utiliser : disposer d’un titre de transport, choisir le meilleur itinéraire, savoir où se trouve le bon arrêt, se repérer sur le plan et dans la rue, connaître les horaires, ne pas laisser passer son arrêt… une véritable « mission de survie ». La mobilité relève ainsi de l’apprentissage, à tout âge et pour tous. Renforcer cet apprentissage et soutenir la professionnalisation des métiers de l’accompagnement à l’insertion socioprofessionnelle est indispensable.
Être tous mobiles, un enjeu d’apprentissage collectif
Pour s’en rendre compte, il faut imaginer ce que représenterait la vie quotidienne sans disposer de moyens de transport, sans savoir comment prévoir et organiser un déplacement, à qui faire appel pour être informé, accompagné, comment utiliser une application smartphone spécialisée. Une vie quotidienne amputée de capacités à se former, à se rendre à un emploi, à voir ses proches, à faire des courses, tout simplement à sortir de chez soi. Cette autonomie détermine l’insertion, le maintien dans la vie active et l’égalité des chances dans une société qui appelle à toujours plus de vitesse et d’agilité. Elle est aussi constitutive du bien vieillir.
Être tous mobiles, un enjeu territorial
Les questions de mobilité quotidienne se posent à l’échelle de bassins de vie et d’emploi, souvent en décalage avec l’organisation administrative de nos territoires. Les frontières administratives ne correspondent pas à nos territoires de vie réelle. Or, les politiques publiques de transport, d’action sociale, de solidarité, de développement économique et d’aménagement ont une application principalement locale.
Améliorer la coordination entre les nombreux acteurs impliqués – publics, privés, associatifs – est nécessaire.
Être tous mobiles, un enjeu économique
Le coût de la non-mobilité est autant humain qu’économique car le manque de mobilité accentue les vulnérabilités. Dans un contexte de chômage de masse, le fait que 2 employeurs sur 5 déclarent rencontrer des difficultés à pourvoir un poste pour des raisons de mobilité laisse songeur. Le doublement de la population des plus de 75 ans d’ici 2060 constitue par ailleurs une grande opportunité de création de services et d’emplois : maintien au domicile, développement de solutions de mobilité « inversée », en particulier dans les champs des services à la personne et du numérique.
Être tous mobiles, un enjeu d’égalité
Parce que les personnes en difficultés sociale et professionnelle ont moins de solutions de mobilité à leur disposition, la moitié d’entre elles n’ont pas le permis de conduire, deux tiers n’ont pas de véhicule, elles recourent à la marche et quand elles le peuvent, aux transports en commun. Reste que 28 % ne disposent aujourd’hui d’aucun moyen pour se déplacer.
Cette moindre mobilité est bien sûr liée à des vulnérabilités matérielles et économiques : disposer d’un véhicule, pouvoir acheter un abonnement de transports en commun, mais aussi à des vulnérabilités géographiques (déficit d’offre de mobilité, distance aux emplois moins qualifiés) ou encore sociales et organisationnelles (monoparentalité, emplois atypiques à horaires morcelés et/ou décalés).